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Anne-Sophie Basset

Violoncelle

Née en 1984, Anne-Sophie Basset commence le violoncelle à l’âge de 8 ans dans la classe de Sylvie Basset au CNR de Caen où elle étudie également le piano avec Marie-Pascale Talbot.
En 2003, elle entre au Conservatoire de Paris – CNSMDP dans la classe de Philippe Muller. Elle obtient en 2007 le prix de violoncelle mention "très bien à l'unanimité" puis poursuit des études de musique de chambre avec Claire Désert. Elle se perfectionne ensuite auprès de Jean-Guihen Queyras à la Hochschule de Stuttgart où elle obtient son Master en 2009. Elle est admise à l’Académie de l’Orchestre de Paris en 2005 et intègre l’année suivante le Gustav Mahler Jugendorchester pour deux tournées, dont une avec Claudio Abbado. Lauréate du concours des Jeunes talents de l’Ouest, elle est invitée à jouer plusieurs concerts en soliste avec Lionel Bringuier et l'Orchestre de Bretagne. Elle joue en 2007 et 2008 dans l'Orchestre symphonique du Festival de Verbier, à plusieurs reprises comme violoncelle solo, puis rejoint l'Orchestre de Chambre en 2009. Le violoncelliste Richard Duven l’invite à participer au Festival de Zermatt où elle a l’opportunité de jouer des Concertos brandebourgeois avec des membres de l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Puis elle est reçue à l'Académie de l'Orchestre symphonique de la radio bavaroise (BRSO) où elle travaille pendant un an sous la direction de Mariss Jansons et participe à de nombreux concerts de musique de chambre avec des membres de l’orchestre. Elle est membre de l'Orchestre symphonique de la radio de Cologne (WDR) de 2009 à 2016 et grâce à un étroit mécénat de la maison de la radio envers l'Orchestre symphonique kimbanguiste, elle a l'occasion d'enseigner au pupitre de violoncelles à Kinshasa en République démocratique du Congo.
Depuis 2012, elle est régulièrement invitée à jouer au sein du Chamber Orchestra of Europe et depuis 2023, à la Cappella Andrea Barca suite à une demande personnelle de son fondateur Sir András Schiff. La musique de chambre tient également une place importante dans sa vie musicale. Anne-Sophie s'est produite notamment avec des musiciens tels que José Maria Blumenschein, Kai Frömbgen, Pascal Moraguès, Ilya Rashkovskiy, Pierre Fouchenneret ou Régis Pasquier. En septembre 2016, elle intègre l'Orchestre de Paris.

Son interview

Depuis quand jouez-vous dans l’orchestre ?

J’ai commencé en septembre 2016. Avant, je travaillais avec l’Orchestre symphonique de la radio de Cologne, mais j’allais régulièrement aux concerts de l’Orchestre de Paris et j’ai été académicienne durant mes études ; la pâte sonore ainsi que les couleurs de cet orchestre m’ont toujours fascinée. Y rentrer était un rêve.

Un déclic pour devenir musicienne ?

On ne peut pas parler de déclic, les choses se sont présentées très naturellement. Ma mère est violoncelliste et mon père tromboniste et chef d’orchestre ; la musique a toujours été très présente à la maison et le choix du violoncelle a été une évidence, de même que le choix du professeur. J’ai été l’élève de ma mère pendant dix ans et mon père m’a appris le métier d’orchestre.

Si vous n’étiez pas devenue musicienne ?

Petite, je voulais être actrice dans les films en noir et blanc (rires). Je passais beaucoup de temps devant les films de Carné, Hitchcock ou Lubitsch ! Plus sérieusement, j’ai longtemps hésité avec un métier dans le domaine équestre.Garde forestier à cheval, pourquoi pas ?

Votre rapport à l’instrument ?

Dans l’idéal, c’est un prolongement de soi mais la tête prend souvent le dessus : l’équilibre entre le cérébral et le sensible est toujours délicat à trouver. Mais lorsqu’on parvient à concrétiser ce que l’on veut exprimer, alors on forme un tout avec son instrument.

Comment améliorer le concert classique ?

Il s'est à mon sens déjà bien amélioré. La proposition de certaines places à meilleur marché concrétise la "démocratisation" du concert classique. Cependant, pour certains concerts complets depuis des mois, l'installation d'un écran géant placé à l'extérieur de la philharmonie avec un bon système de sonorisation permettrait aux gens qui n'ont pas obtenu de place ou ceux qui passent par hasard, de profiter ou de découvrir l'atmosphère d'un concert classique.
A côté de cela, les musiciens font de nombreuses actions dans les hôpitaux, dans les écoles, des concerts éducatifs à la Philharmonie afin de faire découvrir à un public de tous âges cet univers malheureusement encore catalogué d'inaccessible.

Une personnalité musicale qui vous inspire ?

Nikolaus Harnoncourt. C’est le musicien avec lequel je regretterai toujours de ne pas avoir pu travailler. Son décès est survenu quelques mois avant une opportunité. C’était une personnalité hors du commun. Une recherche perpétuelle, une intégrité musicale, une exubérance qui rendait chaque répétition, chaque concert, passionnants et uniques. j’admire la ténacité avec laquelle il défendait ses convictions.

Une oeuvre de prédilection ?

La Création de Haydn. J’écoute très régulièrement cette oeuvre, musique sublime et lumineuse. Elle éveille en moi une grande émotion, me recentre et m’apporte un élan positif.

Le public de vos rêves ?

Un public qui se laisse émouvoir et qui extériorise son enthousiasme. Je ne suis pas choquée par les applaudissements entre les mouvements ; en revanche, ce qui m’attriste, c’est l’indifférence.

Un concert qui vous a marqué ?

Mon tout premier concert avec l’orchestre : Les Scènes du Faust de Goethe de Schumann. J’ai énormément aimé l’approche de Daniel Harding. Sa conception du son, tout à fait spécifique à Schumann, sa sensibilité et son engagement contagieux… Lors du concert, le temps était suspendu et l’atmosphère presque méditative.

Un film que vous ne cessez de revoir ?

L’Incompris de Comencini. Film totalement incontournable…Je pleure à chaque fois.

Dernier film apprécié au cinéma ?

Á l’ombre des filles d’Étienne Comar dépeint l'histoire d’un chanteur professionnel qui, suite à des bouleversements personnels, décide de suspendre quelques temps sa carrière et de consacrer son temps à l’enseignement du chant choral dans une prison pour femmes. Même si la ligne de progression musicale n’est pas complètement réaliste, j’ai trouvé ce film bouleversant de sincérité. Il reflète bien cette dualité complexe : une réelle volonté d’aider et un sentiment profond d’utilité mais qui n’est que peu de chose comparé au mal-être des détenues.

Un musicien non classique avec qui vous auriez aimé jouer ?

Georges Brassens. J’aime tout chez lui. Les textes, la musique, son franc-parler, son humanisme. D’ailleurs, une rencontre Harnoncourt-Brassens aurait été sans doute explosive.