C’est le prolongement de moi-même, la voix chantée que je n’ai pas, qui porte mes paroles plus loin et plus joliment. Il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver l’alto que je joue aujourd’hui. Il est mon confident, mon ami
J’en rêvais enfant. C’était une motivation extraordinaire car je travaillais d’arrache-pied pour m’approprier les œuvres que j’écoutais au disque. Mais le répertoire symphonique est tellement riche et diversifié que le bonheur de jouer au sein de l’orchestre se révèle aussi fort et intense que mes rêves d’enfant.
Le Concerto pour alto de Walton. Je suis entré et sorti du Conservatoire grâce à cette œuvre, je l’ai interprétée lors de mon concours d’entrée à l’orchestre, et j’ai même eu la chance de la jouer en soliste, Salle Pleyel, quand j’avais 16 ans. Une œuvre pleine de romantisme et de tendresse, personnelle et hors des normes stylistiques conventionnelles.
À m’émerveiller. Enfant, en classe d’orchestre, il m’arrivait parfois de m’arrêter de jouer pour écouter les instruments de l’harmonie. Cet émerveillement devant la variété des timbres de l’orchestre ne m’a jamais quitté !
Si le son du saxophone soprano jazz de Steve Lacyme fait intensément vibrer, le piano reste à mes yeux l’instrument le plus complet, il assemble en lui la mélodie, le rythme et l’harmonie.
Pierre Boulez. Il avait une manière unique d’expliquer la musique comme un chemin de montagne où alternent les moments d’effort et les moments de « repos ». Une vraie leçon sur la respiration dans la musique. Sa direction, très éclairante, m’a beaucoup marqué.
Daniel Harding a une vision très claire des œuvres qu’il dirige et je comparerais volontiers sa démarche à celle de Pierre Boulez : le respect de la forme sans sacrifier l’expression. La Symphonie Alpestre de Strauss que nous avons donnée était magnifiquement réussie,traversée de part en part par un souffle puissant.
Passionné de jazz, j’admire beaucoup le violoniste Jean-Luc Ponty, il insuffle une énergie formidable dans son jeu. Dès que j’ai du temps libre, je pratique l’improvisation, c’est un précieux moment de liberté intérieure.
Il n’est pas besoin d’une machine imaginaire pour rencontrer tous les compositeurs que j'aime ; la programmation de l’orchestre est en elle-même un véritable omnibus à voyager dans le temps, et nous pouvons jouir de trois siècles de création musicale dans notre temps présent.
Dans ma salle de classe ; j’enseigne depuis presque 30 ans. Transmettre ce que j’ai reçu et ce qui me fait vivre est capital pour moi, et j’ai pour principe de privilégier le discours musical sur le discours technique, c’est la seule chose qui puisse justifier le temps consacré à l’apprentissage d’un instrument.
C’est toujours enrichissant. Nous avons joué pour les enfants malades de l’Hôpital Trousseau, et certains d’entre eux nous suivaient de chambre en chambre pour nous écouter. C’était très émouvant.
En faisant des concerts "conventionnels" pour les habitués, et d’autres dans lesquels les normes habituelles seraient bouleversées, où le public novice exprimerait sa satisfaction quand et comme il le souhaite, en toute liberté.