Je me suis tout de suite sentie appartenir à une famille composée d’énormément de personnalités différentes. Étudiante, j’allais souvent écouter l’Orchestre. Quand on y entre, on espère être à la hauteur. L’orchestre, c’est un ensemble, on en fait partie, on s’y donne, on fait vivre la musique, mais il était là avant vous, il sera là après.
La patience, le sens de l’adaptation. Il faut pouvoir répondre très vite, individuellement, collectivement surtout, à des programmes différents, à des musiques différentes, à l’attente de chefs différents. L’écoute aussi, à grande échelle, avec l’attention au son, surtout dans le pupitre des violons. On ne doit pas s’effacer, il faut garder sa personnalité, et en même temps on doit rechercher l’harmonie avec les autres.
Un violon, c’est une histoire. Le mien, j’ai tout de suite aimé le son qu’il avait. Ses graves, son timbre. Ensuite, il a fallu apprendre à se connaître et du temps pour en obtenir le meilleur.
Mes parents étaient musiciens. Je les entendais tout le temps jouer ensemble. J’entendais mon père. Il est altiste. Je voulais faire la même chose. Il y avait chez mon grand-père un petit violon d’enfant qui lui avait appartenu. Il était posé tout en haut d’une étagère, inaccessible. Je le désirais terriblement. Un jour, on me l’a descendu et je l’ai pris dans mes mains.
Sans hésiter le piano, pour jouer les oeuvres de musiciens que j’aime, ceux qui me sont proches, Ravel, Debussy, Fauré par exemple. On est un peu l’orchestre à soi tout seul, on l’a au bout des doigts.
La musique française, Roussel, Dukas, Saint-Saëns, parce qu’on la joue, je crois, extrêmement bien. J’ai des souvenirs de La Mer de Debussy avec Boulez, Maazel, Barenboim. Il n’y a pas vraiment de mot dans ces cas-là.
Appassionato ! Car il faut donner beaucoup de chaleur au son de la façon la plus sensible.
Le Requiem de Verdi par Carlo Maria Giulini ! Dès la première répétition, il avait demandé qu’on baisse les lumières de la salle. Cela a créé une ambiance extraordinaire. Durant le concert il dégageait une telle aura qu’on était tous transportés. Mais il est impossible de choisir un seul concert, ce serait oublier Bartók par Solti ou la Troisième de Mahler par Mehta, celle par Järvi…
J’appartiens au projet Démos qui initie à la pratique orchestrale des enfants issus de quartiers dits populaires. Ils partent de rien et progressent ensemble jusqu’au concert final qui a lieu à la Philharmonie. La première fois que les instruments arrivent, les regards s’illuminent. La magie opère toujours !
Un film sur Paco de Lucia. Ça commence à Algésiras, dans le milieu gitan. Il avait une personnalité magnifique, le regard et le sourire d’un rêveur, mais il était aussi audacieux et novateur. On le voit étendre tous les registres de son instrument, jouer avec les plus grands guitaristes de jazz, donner des concerts dans le monde entier, en restant fidèle au flamenco. Tout ce qu’il dit sur la musique est simple et vrai.