La finale de l’Open d’Australie opposant Roger Federer et Rafael Nadal. J’adore Federer, il est la grâce et le talent incarnés. À l’égal d’un grand musicien, tout paraît simple quand on le regarde jouer. Puis on prend une raquette, et on prend conscience du travail qu’il y a derrière…
Ici à la Philharmonie de Paris, les dernières sonates pour piano de Schubert par Daniel Barenboim, j’avais l’impression de vivre un morceau d’histoire.
Mon grand-père jouait du violon en amateur très occasionnel. J’avais un peu plus de deux ans la première fois que je l’ai entendu jouer et j’ai voulu, moi aussi, essayer de produire un son. Ce jour-là, le violon posé sur une table, mon père accompagnait mes deux mains sur l’archet.
Nous avons grandi ensemble. J’ai la chance de pouvoir jouer un violon conçu pour moi par Jacques Fustier, luthier. Celui-ci m’a permis d’en choisir certaines caractéristiques comme le bois et de suivre sa création étape par étape.
Au-delà du désir d’intégrer l’Orchestre de Paris, il y avait pour moi un stress supplémentaire car ma fiancée jouait déjà dans l’orchestre. Je faisais auparavant partie de l’Orchestre du Luxembourg et espérais revenir à Paris pour me rapprocher d’elle ! Lors de l’annonce du résultat, elle en a pleuré de joie.
Je dirais qu’il y en a deux : la première, être toujours à l’écoute et avoir les oreilles bien ouvertes à la musique et aux autres musiciens. La seconde, allier bienveillance et diplomatie envers les collègues pour que toutes les individualités forment un vrai groupe tendant vers l’objectif commun : la qualité du concert.
Je fais partie du Quatuor Cavatine au sein duquel j’ai la chance de jouer avec des amis très proches. J’ai toujours fait de la musique de chambre dans diverses formations mais le répertoire du quatuor à cordes est à la fois le plus varié et le plus exceptionnel. C’est bouleversant de voir à quel point Beethoven a été révolutionnaire avec le quatuor à cordes, bien plus encore que dans ses symphonies.
Schubert, ne serait-ce que pour lui dire de faire attention à sa santé ! (rires). Il a vécu trente et un ans et est mort de la syphilis. Aurait-il écrit la même musique s’il ne s’était pas su condamné ? Il y a une telle lumière dans ses dernières œuvres ; les lieder, les dernières sonates pour piano, ses trios et son quintette à deux violoncelles sont absolument exceptionnels.
J’adore la période classique. Il y a parfois trop de pathos pour moi dans la musique romantique. Toute la période 1750-1830, avec Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert... recèle d’incroyables chefs-d’oeuvre. Un répertoire que je ne me lasse jamais de jouer et d’écouter !
J’ai eu la chance de jouer Le Sacre du printemps dirigé par Pierre Boulez. Le chef d’oeuvre de Stravinski, transcendé par un tel chef m’avait transporté dans un état second.
C’est un chef extraordinaire. Nous avons une chance incroyable de l’avoir à l’Orchestre de Paris. Il a un sens exceptionnel du phrasé, de l’articulation et a toujours une idée très précise de la construction musicale. Avec lui, j’ai l’impression de sortir grandi à la fin de chaque répétition.