La salle est l’instrument de l’orchestre. Après un temps d’apprivoisement, on trouve de nouvelles couleurs et de nouveaux sons. On se sent tous comme un violoniste qui tient pour la première fois dans ses mains son Stradivarius.
Mozart, pour observer un génie absolu ! Il a d’ailleurs composé une des plus belles pièces avec hautbois, La Gran Partita, une pièce incroyable où son génie s’exprime aussi intensément que dans ses opéras, mais pour une formation à vents et dans laquelle le hautbois joue un très grand rôle.
D’avoir inauguré la Philharmonie et y avoir émis le premier son. Puisqu’après les discours, c’est moi qui ai lancé l’accord de l’orchestre !
Je chante des chansons du groupe rock Muse. Sans grand succès, d’ailleurs, car le chanteur a une voix incroyable et trop haut perchée.
Il y a une mesure dans le Concerto en sol de Ravel qui est une bête noire pour moi, et les hautboïstes en général. Lors du concert d’ouverture de la Philharmonie, je m’en étais fait une telle montagne qu’au moment d’attaquer je suis parti une mesure trop tôt ! Je me suis rendu compte que ça ne sonnait pas comme d’habitude, et en voyant la tête de Paavo Järvi, je l’ai jouée... une deuxième fois.
Un plaisir au contraire totalement assumé : le hard-rock ! J’adore l’énergie et la complexité sous-estimée de cette musique. Nous en jouons d’ailleurs avec quelques collègues de l’orchestre. Mais là, je prends la guitare…
Bien sûr. Toute preuve d’enthousiasme du public est à encourager. À condition qu’il n’applaudisse pas en espérant que ce soit déjà fini…
J’ai commencé à donner tôt des concerts si bien que j’ai apprivoisé le stress assez jeune. J’ai toujours le trac, mais le plaisir de maîtriser mon instrument à l’instant T crée une adrénaline qui, même après quinze ans de métier, m’est toujours aussi précieuse !
Nous, hautboïstes, changeons d’instrument tous les trois ou quatre ans. Mieux vaut se dégager de ces contingences matérielles pour se concentrer sur la musique.
Le jour des attentats du 11 septembre 2001, l’orchestre était en concert à Londres, et nous avons joué la Marche funèbre de la Symphonie héroïque de Beethoven pour rendre hommage aux victimes. Cette œuvre m’avait accompagné tout au long de mes études au conservatoire, mais je ne l’avais encore jamais jouée, si bien que je l’ai déchiffrée sur scène ce jour-là au Royal Albert Hall avec toute l’émotion qu’il y avait sur la scène et dans la salle !
L’abnégation, l’oubli de soi. C’est l’ambivalence du jeu d’orchestre; il faut parfois savoir jouer tout seul, et à d’autres moments se fondre en prenant les informations de tous les musiciens pour arriver à sonner comme un seul instrument.
Schumann. Plus je le joue, et plus je l’aime. Quand je suis arrivé à l’orchestre, je trouvais que sa musique orchestrale manquait de transparence, mais aujourd’hui c’est une musique qui me touche profondément.