Je suis rentrée à l’Orchestre de Paris alors que je présentais mes tout premiers concours, sans vraiment réaliser que je venais d’intégrer l’un des plus grands orchestres d’Europe. Cela donne envie de se dépasser constamment !
Mes parents étant très mélomanes, il y avait un flux quasi permanent de musique de tous horizons à la maison. J’ai plus de souvenirs musicaux que de souvenirs d’instants de vie ! Impossible d’en citer une en particulier…
J’ai toujours été attirée par les tessitures opposées à mon instrument, les basses. J’aimerais me mettre à la guitare basse, histoire de pouvoir peut-être un jour créer des passerelles entre tous les mondes musicaux de notre époque. Je rêve que l’orchestre fasse des concerts avec de grands groupes de rock !
Le Concerto pour orchestre de Béla Bartók que j’ai découvert lors de ma participation à l’Orchestre français des Jeunes. Un choc sur le plan du langage musical si particulier de Bartók, et une vraie révolution pour moi de découvrir tant de richesse, de diversité et de force dans une seule et même œuvre.
Ravel. Je me souviens de chacune des fois où j’ai joué La Valse ou Daphnis et Chloé. Une musique vivante, intense. J’aime aussi les œuvres plus introspectives, comme Ma Mère l’Oye, qui me replongent dans la douceur de l’enfance.
Itzhak Perlman, peut-être. Son violon parle, rit, pleure. David Oistrakh et Isaac Stern m’ont aussi beaucoup marquée.
Sans conteste, l’Elektra de Strauss que nous avons donnée au Festival d’Aix-en-Provence. Chéreau, Salonen, la distribution vocale, et surtout l’œuvre ! J’ai pu sentir de la part de tous une ferveur collective à défendre chaque représentation, c’est inoubliable.
J’adore bricoler, décorer mon intérieur, redonner une seconde vie à de vieux objets.
Nous donnons plus de concerts, le rythme de travail est intense, mais notre engagement s’en trouve décuplé. Le public évolue avec nous également, plus diversifié, plus spontané. Et puis, l’acoustique est tellement belle qu’on peut vraiment aller dans des nuances qui paraissaient inaccessibles avant. Je rêve par exemple d’un cycle Haydn ou Mozart… À la Philharmonie, tous les forte sont possibles certes mais aussi tous les piano !
Sa nomination est une grande chance pour l’orchestre. On a fait avec lui il y a deux ans Une vie de héros de Strauss. En une semaine, il a réalisé un travail que très peu de chefs osent faire, avec un humour bien à lui. Je suis très admirative de son travail et j’ai hâte de commencer à collaborer avec lui.