Un peu avant même, puisque ma mère écoutait les symphonies de Beethoven
quand elle était enceinte ! J’imagine que cela a influé sur ma vocation.
Championne de natation. J'ai fait de la compétition jusqu’à
l´adolescence, puis on m’a demandé de choisir entre la piscine et le
violon. J’aimais beaucoup la compétition, cela crée de l’adrénaline, un
peu comme quand je me produis sur scène !
Le violon est un objet qu’on apprend à connaître comme un ami. J’ai la
chance d’avoir un instrument italien de Nicolo Gagliano de 1763. Je suis
plus de passage dans la vie de mon violon qu’il ne l’est dans la
mienne.
Brahms pour qu’il m’explique comment il réussit de si longues et belles
phrases. J’adore son Concerto pour violon. Ce romantisme, cette passion,
c’est tout ce que j’aime en musique. Je suis également une grande fan
de Bartók et Stravinski.
Je suis très heureuse avec mon violon ! C’est un instrument d’une telle
richesse : d´un côté, le bras gauche fait les notes, et de l'autre, le
bras droit façonne les sons, comme deux êtres qui se complètent.
Zubin Mehta. Ce n’est pas une personnalité que nous avons l’habitude de
voir pour quelqu’un de ma génération. Il est impressionnant de charisme,
et en répétition, il parvient en très peu de mots à nous faire partager
sa conception symphonique. J’espère qu’il reviendra bientôt diriger
l’orchestre !
Les symphonies de Mahler. Je dois dire qu’elles sont fantastiques à
jouer. On sent vraiment la masse symphonique sous ses pieds. Une
impression quasi physique. La saison dernière, nous avons donné la
Première, "Titan", avec tous ces cors qui se lèvent à la fin et qui
apportent une dimension incroyable. La Dixième que nous venons de jouer
avec Daniel Harding a également été un bonheur !
Le concert que nous avons donné en tournée en Belgique le lendemain des
attentats de novembre 2015. Un moment bouleversant puisque nous avons
commencé par La valse triste de Sibelius, en hommage aux victimes.
Avec l’orchestre, on a souvent l´occasion de faire des interventions
dans les hôpitaux, notamment à l’Hôpital Trousseau. Je me souviens d´un
nourrisson qui avait à peine un mois et dont le visage s’est
immédiatement éveillé lorsque nous avons commencé à jouer ! Quant aux
plus grands, ils se mettent parfois à danser. Cela fait plaisir de voir
que nous, musiciens, avons la possibilité de créer des émotions très
fortes.
La gourmandise. J’aurais adoré faire des études d’hôtellerie ou de
restauration. Ma mère, qui était d’origine chinoise, faisait des plats
cantonais merveilleux. En l’observant, j’ai beaucoup appris !