Il faut bien sûr être en rythme, avoir une belle sonorité, mais le plus important, on s’en aperçoit au fur et à mesure de la pratique d’orchestre, c’est l’écoute. Écouter les autres, écouter autour de soi...
On rencontre chaque semaine tant de personnalités musicales; on en apprend tellement dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la gestion du temps, de la projection du son ou de la façon de le modeler. On travaille seul chez soi, et on se souvient de l’indication d’un grand chef... qui nous servira pour un quatuor, un concerto ou une pièce solo. Chaque facette de ma pratique instrumentale s’enrichit des autres.
J’aimais l’idée qu’un violoniste fabrique son propre son. Il existe tellement de paramètres : la morphologie et la hauteur du bras, la position des doigts... tellement de facteurs qui rendaient le violon si fascinant.
J’adorerais faire du jazz. Pour un musicien, c’est fascinant d’avoir une telle sensation de liberté. Certains improvisateurs jazz se jouent des cadres avec une liberté que j’aimerais développer moi-même.
Les Sonates et Partitas de Bach, parce qu’on joue tout seul, durant une heure et demie, une musique d’une richesse insensée.
Un concerto de Mozart par le pianiste Christian Zacharias au Festival de La Roque d’Anthéron lorsque j’avais quatre ou cinq ans. C’était un concert tardif; il y avait la lutte contre la fatigue du petit garcon que j’étais mais aussi l’éblouissement de découvrir une musique sublime.
Esa-Pekka Salonen dans Elektra. Il possède une énergie démentielle et connaît parfaitement les œuvres, mais il ne sépare jamais l’aspect théorique et analytique de l’instinct musical. Un des grands enjeux de l’interprétation est de réussir à concilier rationnel et irrationnel, et avec Salonen, l’alchimie se fait idéalement.
Mozart, car il a l’air aussi fou que génial ! J’aurais aimé comprendre comment, si jeune, il pouvait écrire une telle musique. Je trouve très savoureux qu’un personnage aussi exceptionnel ait été aussi délirant !
Il est crucial de faire venir un nouveau public, et d’inciter les gens à revenir souvent au concert. Les musiciens ont parfois tendance à donner des programmes trop copieux. Or, la musique se déguste comme un thé très subtil, les saveurs sont parfois plus difficiles à assimiler, car il y a moins de sucre. Pour donner goût à cette subtilité, il faut faire attention à ne pas donner des programmes trop longs.
je fais beaucoup de musique de chambre, en particulier du trio à cordes. C’est une activité fondamentale, qui permet à un musicien de réaliser que la musique est un grand tout.
L’Incompris de Luigi Comencini. L’histoire de deux petits garçons qui perdent leur mère. On ressent physiquement la douleur infinie de l’enfant et la force du père qui prend en charge cette douleur ainsi que la sienne. C’est un film qui a trouvé des résonances très profondes en moi