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Eric Picard

Premier violoncelle solo

Premier prix du concours international Finale Ligure, Éric Picard est nommé à l’âge de 23 ans Premier violoncelle solo de l’Orchestre de Paris.
Conjointement au travail qu’il mène à l’Orchestre de Paris, il assure le poste de Premier violoncelle solo du World Orchestra, durant sept ans et, avec une sensibilité particulière au répertoire contemporain, mène une carrière de soliste et de chambriste sur le plan international. L'enregistremetn auquel il participe en tant que soliste pour la pièce N'Shima de Xenakis a été récompensé par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.
Il a joué en soliste sous la direction de chefs tels que Pierre Boulez, Christoph Eschenbach, Paavo Järvi, Xu Zhong, Wolfgang Sawallish, Christoph von Dohnányi dans des salles prestigieuses comme la Salle Pleyel, le Concertgebouw d'Amsterdam, le Bunka Kaikan de Tokyo, la Musikhalle de Hambourg ou les philharmonies de Shanghaï et Mexico. Il a eu pour partenaires de musique de chambre les pianistes Menahem Pressler, Brigitte Engerer, Yvonne Loriot, Daniel Barenboim, Vanessa Wagner, ainsi que les violonistes Viktoria Mullova, Hae Sun Kang et Pierre Fouchenneret. Il fonde en 2002 l’ensemble Diabolicus.
Mû par une réflexion sur la forme du concert, à la recherche de collaborations suivies et engagées dans tout le processus de création d’un programme, il travaille avec les compositeurs Luis Naon, Martin Matalon, Bruno Mantovani, Philippe Hersant et Marc-André Dalbavie (qui lui écrit en 2008 une pièce pour violoncelle seul). Il a été l’initiateur et le concepteur auprès de Pierre Boulez de l'événement « Un certain parcours », qui a fait l’objet d’une captation pour France Télévisions en 2010. Il est également l'initiateur et concepteur de Quinte & Sens (un film de François-René Martin et Gordon), diffusé sur Arte  en 2020 et qui a reçu un accueil élogieux de la critique et du public.

Son interview

Quand êtes-vous entré à l’Orchestre de Paris ?

En 1989. J’avais 24 ans et étais alors entouré par des aînés qui avaient pour la plupart vécu la création de l’orchestre.

Être musicien, c’est un métier pour vous ?

Plutôt un art de vivre, qui permet, à partir d’une discipline très intime, de s’ouvrir sur le monde et sur les autres.

Un compositeur que vous avez appris à apprécier ?

Étrangement, j’étais réticent à la musique de Richard Strauss. Ce n’est qu’en interprétant Don Quichotte, que j’ai eu la chance de jouer en soliste avec l’Orchestre de Paris, que j’ai eu enfin accès à sa musique.

Une anecdote de tournée ?

Il y a dix ans, j’étais à New York et le taxi est parti avec mon violoncelle ! Alors qu’on était en pleine guerre contre l’Irak, Fox TV a passé une annonce tous les jours pour récupérer le violoncelle d’un musicien français (un Jean-Baptiste Vuillaume de 1832). Le chauffeur a mis dix jours pour rapporter l’instrument…

Des rêves en musique ?

Quand j’en fais, ils ne sont pas très agréables. Je joue un concerto et au moment de commencer, je demande au chef ce que je dois jouer ; et quand il me le dit, je ne me souviens pas du début (rires).

L’idole de votre jeunesse ?

Jean-Claude Killy ; j’adorais sa manière de skier !

Un livre que vous relisez régulièrement ?

L’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar. Le principal personnage du livre, Zénon, dans sa quête, me donne force et courage.

Quelles musiques vous obsèdent ?

La Sarabande de la Suite n° 5 de Bach, le chef-d’œuvre à l’intérieur du chef-d’œuvre. Et aussi une œuvre méconnue qui me hante, Le Conte, pour violoncelle et piano de Janáček.

Votre plus belle rencontre musicale ?

Pierre Boulez, qui revendique un artisanat musical du quotidien. Quand Pierre Boulez part en tournée avec ses musiciens, il se place dans un rapport de troupe.

Le plaisir de la scène ?

Le sentiment de faire partie et d’être dans une vague, comme un nageur dans un torrent. J’aime l’opéra, mais je n’aurais jamais pu faire toute ma carrière dans une fosse d’opéra. J’aime l’idée de pouvoir regarder moi aussi les gens qui écoutent.

Un rituel avant d’entrer en scène ?

J’arrive vingt minutes avant le concert. Je m’installe pour jouer, à un endroit précis dans les coulisses de la Salle Pleyel, derrière la scène, avec la chaise toujours orientée de la même façon. Il va falloir que je trouve "mon" petit angle mort à la Philharmonie…

Votre état d’esprit actuel ?

Très fier d’appartenir à l’Orchestre de Paris, et surtout très excité et enthousiaste à l’idée de cette nouvelle ère qui s’ouvre à la Philharmonie. Je fais des footings le matin dans ce quartier, je toune autour du parc, je regarde le chantier évoluer. Je suis impatient de voir le bâtiment se couvrir de ses habits de métal !

Où peut-on vous trouver quand vous n’êtes pas sur scène ?

Idéalement, sur un bateau au large de la côte bretonne…