Miriam Pastor Burgos, nouvelle hautboïste solo

Un tour d’Europe à elle toute seule ! Formée au meilleur des cultures musicales du continent, la hautboïste espagnole Miriam Pastor Burgos rejoint l’Orchestre de Paris après presque dix ans au sein du Concertgebouw d’Amsterdam.
Musicienne solaire à la bonne humeur communicative, Miriam tient à rendre hommage à l’enseignement qu’elle a reçu dans son pays natal, où les conservatoires ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur.

"Le niveau des cordes a récemment fait des progrès spectaculaires, mais pour l’harmonie, les écoles espagnoles ont toujours eu une bonne réputation méritée. En outre, je viens de Murcie,où la tradition des fanfares populaires est aussi vivace et excellente que dans le nord de la France. Ce sont malheureusement les débouchés professionnels qui ne sont pas de la même qualité en Espagne, malgré le nombre d’orchestres."

Diplômes en poche, la jeune artiste met donc le cap vers le monde germanique et intègre la prestigieuse Karajan Academy, gérée par l’Orchestre philharmonique d eBerlin. Fort répandus en Allemagne, ainsi que dans d’autres pays, ces programmes d’insertion professionnelle représentent de précieux sésames pour passer du monde ultra-compétitif, mais parfois hors-sol, des conservatoires aux réalités du métier. "Les étudiants perçoivent une bourse significative pour leurs frais, ce qui garantit de ne pas en faire des supplémentaires au rabais", souligne Miriam. "Ils sont coachés par les membres de l’orchestre, afin d’affronter ce qui est souvent un choc culturel : les cadences de travail, avec trois jours en moyenne pour monter un programme. Manque cependant à Berlin une meilleure prise en compte de la gestion du stress et des facteurs psychologiques, auxquels nous sommes davantage attentifs à l’Académie du Concertgebouw."
Depuis 2012, c’est en effet au bord del’Amstel que Miriam a posé ses bagages, comme cor anglais d’un des doyens de la vie symphonique européenne, l’Orchestre royal du Concertgebouw, né en 1888. "On trouve encore dans les partitions les annotations faites par nos prédécesseurs lors des répétitions dirigées par Mahler ou Richard Strauss ! C’est à la fois extraordinairement émouvant, et une colonne vertébrale dans la transmission d’une culture du son et du style entre les générations."

Mais alors, pourquoi voguer vers la Seine, et un Orchestre de Paris pimpant de son demi-siècle tout frais ? "Du cor anglais, j’évolue vers le poste de premier hautbois solo (en tandem avec Alexandre Gattet, NDLR). Soit des perspectives de répertoire plus variées qu’à Amsterdam. S’ajoute une raison personnelle : mon compagnon, Javier Azanza Ribes, est premier timbalier solo au sein de l’orchestre ! Une vie de musicien, c’est un équilibre parfois difficile à trouver entre le privé et le professionnel. Et je sais que le niveau des chefs et solistes invités sera le même, c’est-à-dire parmi les meilleurs du monde !" Celle qui, après avoir suivi Claudio Abbado dans l’aventure de son Orchestre Mozart en Italie, retrouve depuis quelques années Riccardo Chailly chaque été dans l’Orchestre du Festival de Lucerne, arrive donc en terrain familier.

PAR VINCENT AGRECH