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Estelle Villotte

Viola

Estelle Villotte a obtenu un Premier prix d’alto à l’unanimité dans la classe de Jean Sulem et un Premier prix de musique de chambre dans la classe de Bruno Pasquier au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris et a bénéficié également de l’enseignement de maîtres tels Droujinine, Barthold Kuijken et James Levine.
Avant d’être membre de l’Orchestre de Paris, elle se produit avec l’Orchestre de l’Union Européenne sous la direction de Bernard Haitink, Carlo Maria Giulini, Sir Colin Davis, Pierre Boulez.
Elle a participé à de nombreux festivals en formation de chambre (Folles journées de Nantes, festival de musique de chambre d’Epinal, Flâneries musicales de Reims, …) et se produit régulièrement avec le Traffic Quintett, quintette à cordes associant la création vidéo à la musique de film.
Estelle Villotte est membre de l’Orchestre de Paris depuis 1998 et joue un alto de Vicenzo Sannino fabriqué à Naples en 1903.

Interview

La musique qui a bercé votre enfance ?

Mes parents ne sont pas musiciens. Pour mes douze ans, ma grande sœur m'a offert un enregistrement de l'intégrale des quatuors à cordes de Beethoven. Le déclic. Cela m’a submergée !

Comment êtes-vous venue à l'alto ?

Un peu par hasard ! Ma mère était arrivée en retard à la réunion de répartition desinstruments et j'ai «flashé » sur le professeur d'alto qui avait l'air très gentil et qui, pour l'anecdote, ressemblait à mon père !

Votre alto: un simple objet ou un être vivant ?

Un objet mais un objet incroyable ! J'adore sa sonorité suave et chaleureuse. J'ai la chance d'avoir croisé son chemin il y a maintenant presque dix-huit ans, un Sannino de Crémone, et je suis chaque jour plus amoureuse de son timbre ! À l'orchestre, je trouve le rôle de l'alto particulièrement épanouissant. Il est exposé tout en faisant le liant avec les autres instruments. Nous gardons les oreilles grandes ouvertes, pour redonner aux autres avec la plus grande générosité possible

La Philharmonie ?

Un outil magnifique qui a modifié en profondeur la vie de l’orchestre. Nous nous écoutons avecune oreille encore plus affutée. Quand on jouait à Pleyel, nous enviions les salles dans lesquelles nous nous produisions en tournée. Maintenant y compris quand on va à Berlin, on est toujours heureux de revenir dans notre Philharmonie.

Les plus belles qualités de Daniel Harding ?

Son exigence, son intelligence et son aptitude à ressentir l’humain de façon extrême. Il est très concentré et va droit à l’essentiel! Il est exceptionnel dans Mahler, mais je l’ai admiré dès sa première venue à l’Orchestre en 2014, avant même qu’il ne soit nommé, dans Une vie de héros de Strauss: une lecture extraordinaire, avec une grande simplicité dans le phrasé.

L’endroit le plus insolite où s’est produit l’orchestre ?

Au Festival de Ravello en Italie. Un endroit sublime : on joue sur une estrade posée sur la mer, alors que le public est installé sur la falaise en surplomb. Et puis, c’était mon premier Daphnis et Chloé avec l’orchestre,dirigé par un Lorin Maazel dans une forme éblouissante ce soir-là.

Le compositeur que vous auriez aimé rencontrer ?

Haydn. Un compositeur incroyable qui a façonné la symphonie et le quatuor, tels que nous les connaissons aujourd’hui. En tant qu’altiste, Haydn nous offre toujours des phrases merveilleuses. J’apprécie particulièrement le fait qu’il privilégie la simplicité du cadre, pour y glisser une sensibilité à fleur de peau.

Le plaisir de la scène ?

Pour moi, rencontrer le public est fondamental ! Travailler seul ou même en répétition ne suffit pas. Il manque l'essentiel: la magie du public.Celui de la Philharmonie est merveilleux. Notre mission à nous, musiciens, est de leur donner le maximum et de nous surpasser.

Avec quel musicien non classique voudriez-vous jouer ?

Sting. Un musicien formidable. J'aurais également adoré enregistrer It's a Man's Man's Man's World de James Brown ! Par ailleurs, la musique de film fait partie de ma vie grâce au Traffic Quintet créé et dirigé par Dominique Lemonnier. Nous avons notamment une relation privilégiée avec le compositeur Alexandre Desplat.