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Anne-Elsa Trémoulet

Violin

Après avoir obtenu un Premier prix au Conservatoire national de région (CNR) de Versailles, Anne-Elsa Trémoulet entre dans la classe de Geneviève Martigny en sonate avec Mathilde Carré et obtient le diplôme supérieur de concertiste. 
Elles remportent ensemble le Premier prix d'honneur du Concours UFAM et donnent des concerts dans le monde entier.

En 1999, elle obtient un Premier prix de violon et de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon.
Elle se perfectionne ensuite au CNR de Paris auprès de Roland Daugareil et au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en formation trio avec piano dans la classe de Christian Ivaldi.
En 2002 elle rejoint l'Orchestre de Paris et poursuit sa carrière de chambriste avec Mathilde Carré ainsi qu'au sein de l'Orchestre de chambre Pélleas.

Interview

Si votre instrument était un être vivant ?

J’ai un rapport très physique, très sensitif à l’instrument. Le mien m’accompagne depuis tellement d’années. Il y a tant d’émotions et de sentiments qui passent à travers le violon, qui nous échappent même. L’instrument n’est pas un être vivant, mais révèle l’âme du musicien. 

La musique qui a bercé votre enfance ?

Je n’avais pas dix ans lorsque mon père m’a acheté un disque de la Cinquième symphonie de Mahler. C’était comme la découverte d’un monde incroyablement complexe et sophistiqué. Je n’ai probablement alors rien compris à cette musique, mais j'étais obsédée par cette symphonie. Je me souviens d’avoir usé le dis que jusqu’à la trame, à force de l’écouter.

Les qualités indispensables pour être musicien d’orchestre ?

Savoir se fondre dans le collectif, être au service d’un ensemble tout en préservant son individualité, sa relation à autrui et son altérité. Mais aussi le travail, la rigueur, la sensibilité, l’envie de partager. Nous défendons des œuvres intemporelles qui nous dépassent. 

Vos engagements ?

Je viens de créer, avec d’autres amis musiciens, un fond de dotation, Anima Foundation, dont l’objet est d’acquérir des instruments à cordes, véritables œuvres d’art, afin de préserver le patrimoine européen et permettre à des musiciens talentueux de jouer sur des instruments à la hauteur de leurs exigences, de leur talent et de leur sensibilité.

Votre état d’esprit actuel ?

Très heureuse. Après une période un peu difficile qui m’a tenue éloignée de l’orchestre pendant quelques mois, puis la naissance de mon fils, j’ai retrouvé avec un immense bonheur l’orchestre et la Philharmonie. C’est comme si je retrouvais une partie de moi-même. 

Daniel Harding ?

Un chef ultra-intelligent. J’adore sa vivacité d’esprit. Sa musicalité et son sens stylistique vont toujours de pair avec une très grande exigence vis-à-vis des autres et de lui-même. 

Un soliste qui vous a éblouie ?

La violoniste Janine Jansen ; elle est belle et dégage à la fois une vraie profondeur d'âme et une formidable sensualité quand elle joue.

Un compositeur que vous avez appris à apprécier?

Henri Dutilleux. Je ne suis pas très sensible à la musique contemporaine mais j’ai appris à l’apprécier avec l’orchestre. Je garde un beau souvenir de son Concerto pour violoncelle, "Tout un monde lointain", qui m’a entrouvert les portes d’une esthétique plus moderne.

Votre compositeur de prédilection ?

Bach sans hésitation. C’est une musique qui relie le divin et le terrestre. Bach représente une forme de quintessence, d’harmonie éternelle ; quand je l’écoute, j’ai l’impression de m’élever, de me purifier.

Un livre de chevet ?

Toute l’œuvre de Saint-Exupéry. Mon grand-père et mon grand-oncle étaient aviateurs,ils ont connu les débuts de l'aéropostale et connaissaient très bien l'écrivain. Au-delà même de l'histoire familiale, les valeurs humaines de courage, de loyauté, qui se dégagent de livres comme Terre des Hommes ou Vol de nuit, me touchent beaucoup.

Si vous n’étiez pas devenue musicienne ?

Couturière ou architecte d’intérieur. Je fais beaucoup de couture et j’adore les tissus, les textures, les couleurs. Comme en musique, le champ des possibles est infini, cela allie création, interprétation et rigueur du travail.