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Eric Picard

Principal

Premier prix du concours international Finale Ligure, Éric Picard est nommé à l’âge de 23 ans Premier violoncelle solo de l’Orchestre de Paris.
Conjointement au travail qu’il mène à l’Orchestre de Paris, il assure le poste de Premier violoncelle solo du World Orchestra, durant sept ans et, avec une sensibilité particulière au répertoire contemporain, mène une carrière de soliste et de chambriste sur le plan international.

En soliste, il se produit en Serbie (Belgrade, Novi sad), au Canada, au Mexique, en Argentine, au Japon (Bunkaîkan de Tokyo, Osaka, Nagano), au Concertgebouw d’Amsterdam, à la Musikhalle de Hambourg… À Paris, salle Pleyel, il interprète notamment l’Épiphanie de Caplet, le Concerto de Schumann, Schelomo de Bloch, la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ de Messiaen aux côtés d’Yvonne Loriod, le Triple Concerto de Penderecki en création française, Don Quichotte de Strauss, Messagesquisse de Boulez. Ces prestations sous la direction de Marc Soustrot, Marco Parisotto, Paavo Järvi, Christoph von Dohnanyi, Christoph Eschenbach, Kent Nagano, Wolfgang Sawallish ou Pierre Boulez sont unanimement saluées par la critique (“un musicien au goût sûr et personnel, au jeu généreux mais jamais excessif” Le Monde).
Éric Picard est membre du Trio 71 avec lequel il enregistre l’intégrale des trios à cordes de Beethoven. Il a  eu pour partenaires en musique de chambre Christoph Eschenbach, Menahem Pressler, Hae Sun Kang, Victoria Mullova, Xu- Zhong, Dietrich Henschel, Laurent Naouri, Cédric Thiberghien. Il fonde en 2002 l’ensemble Diabolicus. Mu par une réflexion sur la forme du concert, à la recherche de collaborations suivies et engagées dans tout le processus de création d’un programme, il travaille avec les compositeurs Luis Naon, Martin Matalon, Bruno Mantovani, Philippe Hersant et Marc-André Dalbavie (qui lui écrit en 2008 une pièce pour violoncelle seul). Il a été l’initiateur et le concepteur auprès de Pierre Boulez d’"Un certain parcours" qui a fait l’objet d’une captation pour France Télévisions en 2010. Éric Picard a enregistré les trios de Fauré et de Vincent d’Indy, N’shima de Xenakis (grand prix de l’Académie Charles Cros), À nos amours avec le chanteur Dietrich Henschel (Ambroisie) et le disque Rapsodie Espagnole avec ses partenaires du trio Hoboken sorti récemment dernier sous le label Anima Records. Son enregistrement pour Virgin Classics de l’Élégie de Gabriel Fauré avec l’orchestre de Paris a reçu un accueil enthousiaste de la critique internationale.
Étudiant au CNSM de Paris dans les classes de Maurice Gendron, Philippe Mûller et Roland Pidoux, il a poursuivi ses études en troisième cycle après avoir obtenu ses premiers prix de violoncelle et de musique de chambre. Dans le même temps, il a travaillé avec Paul Tortelier, Natalia Chakovskaîa, Janos Starker, Boris Pergamenchikov et Siegfried Palm.
Éric Picard est chargé de cours au CNSM et au CRR de Paris et est aussi professeur au pôle d’enseignement supérieur Bordeaux Aquitaine.
Éric Picard est membre du Trio 71.

Interview

Quand êtes-vous entré à l’Orchestre de Paris ?

En 1989. J’avais 24 ans et étais alors entouré par des aînés qui avaient pour la plupart vécu la création de l’orchestre.

Être musicien, c’est un métier pour vous ?

Plutôt un art de vivre, qui permet, à partir d’une discipline très intime, de s’ouvrir sur le monde et sur les autres.

Un compositeur que vous avez appris à apprécier ?

Étrangement, j’étais réticent à la musique de Richard Strauss. Ce n’est qu’en interprétant Don Quichotte, que j’ai eu la chance de jouer en soliste avec l’Orchestre de Paris, que j’ai eu enfin accès à sa musique.

Une anecdote de tournée ?

Il y a dix ans, j’étais à New York et le taxi est parti avec mon violoncelle ! Alors qu’on était en pleine guerre contre l’Irak, Fox TV a passé une annonce tous les jours pour récupérer le violoncelle d’un musicien français (un Jean-Baptiste Vuillaume de 1832). Le chauffeur a mis dix jours pour rapporter l’instrument…

Des rêves en musique ?

Quand j’en fais, ils ne sont pas très agréables. Je joue un concerto et au moment de commencer, je demande au chef ce que je dois jouer ; et quand il me le dit, je ne me souviens pas du début (rires).

L’idole de votre jeunesse ?

Jean-Claude Killy ; j’adorais sa manière de skier !

Un livre que vous relisez régulièrement ?

L’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar. Le principal personnage du livre, Zénon, dans sa quête, me donne force et courage.

Quelles musiques vous obsèdent ?

La Sarabande de la Suite n° 5 de Bach, le chef-d’œuvre à l’intérieur du chef-d’œuvre. Et aussi une œuvre méconnue qui me hante, Le Conte, pour violoncelle et piano de Janáček.

Votre plus belle rencontre musicale ?

Pierre Boulez, qui revendique un artisanat musical du quotidien. Quand Pierre Boulez part en tournée avec ses musiciens, il se place dans un rapport de troupe.

Le plaisir de la scène ?

Le sentiment de faire partie et d’être dans une vague, comme un nageur dans un torrent. J’aime l’opéra, mais je n’aurais jamais pu faire toute ma carrière dans une fosse d’opéra. J’aime l’idée de pouvoir regarder moi aussi les gens qui écoutent.

Un rituel avant d’entrer en scène ?

J’arrive vingt minutes avant le concert. Je m’installe pour jouer, à un endroit précis dans les coulisses de la Salle Pleyel, derrière la scène, avec la chaise toujours orientée de la même façon. Il va falloir que je trouve "mon" petit angle mort à la Philharmonie…

Votre état d’esprit actuel ?

Très fier d’appartenir à l’Orchestre de Paris, et surtout très excité et enthousiaste à l’idée de cette nouvelle ère qui s’ouvre à la Philharmonie. Je fais des footings le matin dans ce quartier, je toune autour du parc, je regarde le chantier évoluer. Je suis impatient de voir le bâtiment se couvrir de ses habits de métal !

Où peut-on vous trouver quand vous n’êtes pas sur scène ?

Idéalement, sur un bateau au large de la côte bretonne…