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Jérôme Rouillard

Cor

Après des études de cor et de percussions à l’Ecole nationale de musique du Mans, Jérôme Rouillard entre au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) en 1992 pour y étudier le cor dans la classe d'André Cazalet. Il y obtient, en 1996, un Premier prix à l'unanimité.
En 1998, il devient soliste à l'Opéra national de Paris. Assistant au CNSMDP depuis 1999, il rejoint l'Orchestre de Paris en février 2002.

Son interview

Votre ressenti en intégrant l’orchestre ?

De la joie devant la réalisation d’un rêve. C’était un orchestre que j’écoutais durant mes études et, dans le pupitre de cors, il y avait mon professeur du Conservatoire, André Cazalet, qui est un très grand monsieur. Je suis très fier que nous soyons maintenant collègues.

Un mot musical qui vous est cher ?

À la fin de la Première Symphonie de Mahler, ce mot, Aufstehen, marque le moment où les cors doivent se lever. Lorsque j’ai entendu cette œuvre à quinze ans, ce moment a pratiquement décidé de ma vocation de musicien.

Une musique qui vous hante ?

Les Variations Goldberg de Bach par Glenn Gould, que je fais régulièrement écouter à ma fille. Avec, au début, ce thème sublime de l’aria qui respire si amplement : l’évidence musicale.

Un compositeur que vous avez appris à apprécier ?

Alban Berg. Sa musique est d’une dramaturgie exceptionnelle. C’est l’œuvre d’un homme torturé, qui n’hésite pas à montrer ses blessures à vif.

Vous auriez aimé participer à la création de quelle œuvre ?

La Huitième Symphonie de Bruckner. Le mouvement lent est l’un des plus extra-ordinaires jamais composés. Il y a quelque chose d’ample et majestueux qui vous bouleverse. Comme un immense paysage sonore qui s’ouvre devant vous.

De quel autre instrument aimeriez-vous savoir jouer ?

J’ai fait de la percussion durant dix ans, et je m’y remettrais avec plaisir. La percussion impulse l’énergie à l’orchestre et le rythme est à la base de toute musique.

Un chef qui vous a ébloui ?

Lorin Maazel. Je garde deux souvenirs très forts avec ce chef : un concert tout simplement magique à Turin où nous avons joué La Mer de Debussy, et une Septième Symphonie de Bruckner d’anthologie à Pleyel !

Vos passions en-dehors de la musique ?

L’Histoire.Notamment celle du XXe siècle. La visite des champs de bataille de Verdun m’a énormément marqué. Cela fait près de 100 ans que la guerre a cessé et pourtant la nature n’a toujours pas repris le dessus. La forêt est encore criblée de trous d’obus, ce qui permet de mesurer l’ampleur de cette folie.

Avec quel musicien non classique voudriez-vous jouer ?

Avec des groupes de jazz-funk comme Earth, Wind and Fire. J’adore la danse et danse moi-même un peu la salsa !

Votre rapport à l’instrument ?

Dans un monde idéal, l’ instrument devient une extension de soi pour pouvoir s’exprimer sans barrière. J’y travaille, mais le cor est un instrument où être en confiance est primordial. Je suis heureux qu’on commence à parler de ces sujets parmi les musiciens. Les sportifs professionnels ont coachs et psychologues dès lors qu’ils éprouvent le moindre doute. Alors que nous, musiciens, devons nous forger seuls.

Quelle est votre plus grande fierté ?

De faire ce métier, qui vous apprend la patience et l’ humilité. Les musiciens d’orchestre sont très exposés sur scène et on a toujours besoin de progresser. La maîtrise complète de l’ instrument n’est jamais acquise pour un corniste.

Vous plaquez tout, où allez-vous ?

Dans un pays avec de grands espaces comme l’Islande ou le Québec. La nature est le meilleur allié pour se ressourcer. Ceci dit, l’orchestre fait entièrement partie de ma vie. Jamais je n’arrêterai ! Bon, il le faudra bien un jour. (rires)