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Alexandre Gattet

Premier hautbois solo

Alexandre Gattet a sept ans lorsqu’il entreprend des études de hautbois. Il obtient une Médaille d’or au CNR de Toulouse avant d’entrer au Conservatoire de Paris – CNSMDP où il remporte les Premiers prix de musique de chambre (1998) puis de hautbois (1999).
Premier prix du Concours international "Gillet" (USA-1999) et du Concours international de Tokyo (2000), il participe à de nombreux festivals en France et à l’étranger et a été invité comme hautbois solo au sein de grands orchestres internationaux (Philharmonique de Berlin, Orchestre de la Radio bavaroise, Budapest Festival Orchestra, Mahler Chamber Orchestra…).
Il prend ses fonctions en qualité de premier hautbois solo à l’Orchestre de Paris en 2001. En 2002, il est lauréat du prestigieux concours de l’ARD à Munich.

Son interview

La Philharmonie ?

La salle est l’instrument de l’orchestre. Après un temps d’apprivoisement, on trouve de nouvelles couleurs et de nouveaux sons. On se sent tous comme un violoniste qui tient pour la première fois dans ses mains son Stradivarius.

Un compositeur que vous auriez aimé rencontrer ?

Mozart, pour observer un génie absolu ! Il a d’ailleurs composé une des plus belles pièces avec hautbois, La Gran Partita, une pièce incroyable où son génie s’exprime aussi intensément que dans ses opéras, mais pour une formation à vents et dans laquelle le hautbois joue un très grand rôle.

Votre plus grande fierté ?

D’avoir inauguré la Philharmonie et y avoir émis le premier son. Puisqu’après les discours, c’est moi qui ai lancé l’accord de l’orchestre !

Une musique que vous chantez sous la douche ?

Je chante des chansons du groupe rock Muse. Sans grand succès, d’ailleurs, car le chanteur a une voix incroyable et trop haut perchée.

Le souvenir d’un moment embarrassant avec l’orchestre ?

Il y a une mesure dans le Concerto en sol de Ravel qui est une bête noire pour moi, et les hautboïstes en général. Lors du concert d’ouverture de la Philharmonie, je m’en étais fait une telle montagne qu’au moment d’attaquer je suis parti une mesure trop tôt ! Je me suis rendu compte que ça ne sonnait pas comme d’habitude, et en voyant la tête de Paavo Järvi, je l’ai jouée... une deuxième fois.

Un plaisir musical coupable ?

Un plaisir au contraire totalement assumé : le hard-rock ! J’adore l’énergie et la complexité sous-estimée de cette musique. Nous en jouons d’ailleurs avec quelques collègues de l’orchestre. Mais là, je prends la guitare…

Est-ce acceptable d’applaudir entre les mouvements ?

Bien sûr. Toute preuve d’enthousiasme du public est à encourager. À condition qu’il n’applaudisse pas en espérant que ce soit déjà fini…

Le plaisir de la scène ?

J’ai commencé à donner tôt des concerts si bien que j’ai apprivoisé le stress assez jeune. J’ai toujours le trac, mais le plaisir de maîtriser mon instrument à l’instant T crée une adrénaline qui, même après quinze ans de métier, m’est toujours aussi précieuse !

Votre rapport à l’instrument ?

Nous, hautboïstes, changeons d’instrument tous les trois ou quatre ans. Mieux vaut se dégager de ces contingences matérielles pour se concentrer sur la musique.

Un souvenir marquant de tournée ?

Le jour des attentats du 11 septembre 2001, l’orchestre était en concert à Londres, et nous avons joué la Marche funèbre de la Symphonie héroïque de Beethoven pour rendre hommage aux victimes. Cette œuvre m’avait accompagné tout au long de mes études au conservatoire, mais je ne l’avais encore jamais jouée, si bien que je l’ai déchiffrée sur scène ce jour-là au Royal Albert Hall avec toute l’émotion qu’il y avait sur la scène et dans la salle !

La qualité pour devenir un musicien d’orchestre ?

L’abnégation, l’oubli de soi. C’est l’ambivalence du jeu d’orchestre; il faut parfois savoir jouer tout seul, et à d’autres moments se fondre en prenant les informations de tous les musiciens pour arriver à sonner comme un seul instrument.

Un compositeur que vous avez appris à apprécier ?

Schumann. Plus je le joue, et plus je l’aime. Quand je suis arrivé à l’orchestre, je trouvais que sa musique orchestrale manquait de transparence, mais aujourd’hui c’est une musique qui me touche profondément.