Retour

Jean-Michel Vinit

Cor

Jean-Michel Vinit fait des études musicales à Grenoble, où il obtient un Premier Prix. Plus tard, il remporte le Premier Prix de la Ville de Paris.
Il est cor solo à l’Orchestre Colonne et soliste à l’Orchestre National de France avant d’entrer à l’Orchestre de Paris en 1991.

Son interview

Comment êtes-vous venu à votre instrument ?

J’ai commencé par la trompette, mais je viens de l’Isère et voir les chasseurs alpins jouer avec leurs cors de chasse levés m’impressionnait beaucoup lorsque j’étais enfant !

Le cor est-il un instrument difficile ?

Très difficile. Dans chaque symphonie, il existe toujours des parties solos extrêmement compliquées. Cela crée de l’adrénaline et les cornistes adorent ça !

La plus belle œuvre composée pour votre instrument ?

Les deux concertos pour cor de Richard Strauss qui sont assez méconnus ; notamment le second qu’il a écrit à la fin de sa vie et qui est absolument extraordinaire.

Un compositeur que vous auriez aimé rencontrer ?

Mozart. Pour lui demander son opinion sur l’évolution des instruments, et du cor en particulier. Le cor a beaucoup évolué, notamment avec les pistons. Préférerait-il qu’on joue ses oeuvres sur un cor naturel ou un cor moderne ? La question reste entière pour moi, même si les salles de son époque étaient sans commune mesure avec la Philharmonie qui accueille 2400 spectateurs.

Votre état d’esprit actuel ?

L’orchestre est en très grande forme. J’ai même le sentiment que l’orchestre n’a jamais été aussi bien !

Une devise ?

Carpe Diem ! J’arrive à la fin de ma carrière, et Michel Garcin-Marrou, un ancien corniste de l’orchestre, m’a dit que ce qui lui manquait le plus, à l’heure de la retraite, était le "vrombissement" de l’orchestre. Alors, j’essaie d’en profiter un maximum.

Une chanson que vous chantez sous la douche ?

"Ta Katie t’a quitté" de Boby Lapointe. C’est en plus un excellent exercice pour les lèvres !

Un chef qui vous a ébloui ?

Celui qui m’a marqué le plus, c’est Lorin Maazel ! Il avait pourtant un tempérament un peu cassant ; je me souviens d’une série de concerts où il avait été très désagréable avec un musicien. Le lendemain, alors que l’orchestre était fâché contre lui, il a littéralement "mis le feu" au concert. C’était peut-être un tyran mais on ne pouvait s’empêcher de l’aimer : il avait un tel talent !

Ce que vous a appris votre métier de musicien d’orchestre ?

À vivre avec les autres, car des liens très forts se créent notamment en tournée. Impossible de vivre isolé. Étrangement, j’ai remarqué aussi que chacun fuit et part sans dire un mot dès l’arrivée à l’aéroport, comme si on avait été trop proches, trop intimes.

Un répertoire que vous avez appris à apprécier ?

La musique contemporaine. Ce qui est intéressant dans notre métier de musicien, c’est de sonder en profondeur la musique que l’on interprète, et à ce titre, des pièces de Xenakis ou Ligeti ont été de véritables révélations !

Daniel Harding, le prochain directeur musical de l’orchestre ?

Ce chef est fantastique ! Je suis certain qu’il va impulser une remarquable dynamique à l’orchestre.

Le plaisir de la scène ?

En trente-cinq ans de carrière, cela n’a jamais changé ! Nous avons la chance incroyable de travailler avec des chefs différents chaque semaine. Moi qui m’intéresse à la transmission, j’adore reconnaître chez des jeunes chefs des techniques qu’ils ont apprises auprès de chefs plus anciens.